1.3 Principes de la planification, du suivi et de l’évaluation axés sur les résultats

Cette partie aborde certains de ces principes que les lecteurs devraient garder à l’esprit tout au long du processus de planification, suivi et évaluation dans son intégralité.

Appropriation

Afin de réaliser les résultats de développement, l’appropriation est fondamentale lors de la formulation et de la mise en œuvre de programmes et projets. Il existe deux principaux aspects de l’appropriation dont il faut tenir compte :

  • Le degré ou niveau d’appropriation des plans et processus
  • L’ampleur de l’appropriation

Le degré d’appropriation: souvent, les différentes entités ou organisations accomplissent un processus de planification pour répondre aux exigences de leurs organes de gouvernance ou de direction, tels que les Conseils de direction ou les sièges. Quand c’est le cas, les plans, les programmes ou les projets ont alors tendance à être soigneusement préparés avant soumission mais les exécutants de cette planification retournent à leurs occupations habituelles une fois les exigences remplies. Lorsque ces plans sont formulés de manière à répondre à une exigence et qu’ils ne sont pas exploités pour diriger les mesures de gestion en cours, les organisations courent alors davantage le risque de ne pas réaliser les objectifs établis par les plans. L’appropriation est également fondamentale lorsqu’il s’agit de mener une activité de suivi et d’évaluation planifiée et de relier l’information générée par le suivi et l’évaluation à l’amélioration des programmes à venir et à l’apprentissage.   

Plus en avant, ce Guide traitera des techniques permettant de promouvoir l’appropriation. Il ne s’agit pas dans ce processus d’être en conformité ou de remplir des exigences, c’est d’une certaine manière semblable à la différence entre avoir un système de gestion axé sur les résultats et avoir une culture orientée vers les résultats. Alors qu’il est important d’avoir des systèmes, il est encore plus important que les personnes puissent comprendre et apprécier les raisons pour lesquelles elles font ce qu’elles font et qu’elles adoptent une approche orientée vers les résultats dans leur conduite et leur travail de manière générale.

L’ampleur de l’appropriation: deux questions se posent quant à l’ampleur de l’appropriation: qui est responsable de l’avantage ou d’impact d’un programme de développement et, est ce qu’un nombre suffisant de ces entités et personnes ressentent une appropriation du programme ou projet ?
Les pays du Programme sont responsables, en dernier ressort, de la réalisation des résultats de développement. Par conséquent, les acteurs nationaux doivent avoir une prise en main sur l’intégralité des plans de développement, les programmes et les projets. Toutefois, cela ne signifie pas que la responsabilité du PNUD n’est pas engagée quant aux résultats. Cette responsabilité porte généralement sur ses contributions aux résultats du pays concerné et l’utilisation des ressources financières (plus de détails dans le Cadre de Redevabilité et l’Accord de Base relatif aux Normes) 7. Cependant, il revient aux acteurs nationaux ainsi qu’aux bénéficiaires de définir les objectifs d’amélioration de l’état du développement poursuivis par les différents programmes et projets.

L’un des principaux objectifs de la gestion axée sur les résultats est que l’appropriation s’étende au-delà de quelques personnes et qu’elle touche le plus grand nombre de parties prenantes possible. C’est la raison pour laquelle le suivi et l’évaluation des activités et des résultats d’une part, les recommandations ainsi que les enseignements tirés des évaluations continues et périodiques d’autre part, devraient être pris en main par ceux-là même qui sont responsables des résultats et plus à même d’en faire usage.

Engagement des parties prenantes

Il est crucial, pendant toutes les phases de planification, suivi, évaluation, bilan et amélioration, d’impliquer les différentes parties prenantes, de gagner leur adhésion et d’obtenir leur engagement, et enfin, d’encourager la prise d’actions.
                                    
Un bon processus de gestion axée sur les résultats doit inciter les différents acteurs à réfléchir de la manière la plus ouverte et créative possible sur les objectifs qu’ils voudraient atteindre et les encourager à s’organiser en conséquence, notamment par la mise en place d’un processus de suivi et d’évaluation des progrès accomplis et l’exploitation des informations ainsi recueillies pour améliorer la performance. 

Se concentrer sur les résultats

Les processus de planification, de suivi et d’évaluation doivent viser la réalisation des résultats - et non la réalisation de la totalité des activités et l’obtention de tous les résultats selon le calendrier arrêté.

Le champ de responsabilité des partenaires du développement tels que le PNUD n’est pas toujours clairement défini, et par conséquent les domaines sur lesquels ils devraient se concentrer également. Il est  quelques fois suggéré qu’en raison du caractère modeste de leurs initiatives, de leur impact limité, et de leur non-responsabilité quant à l’amélioration du niveau de développement ou encore des résultats à haut niveau, les activités des entités et agences de développement devraient se concentrer sur les produits.

Pour le présent Guide, ce qui réellement compte, ce sont les améliorations du point de vue du développement dans les différents pays et dans la vie des populations concernées. Ainsi, s’il est vrai que les produits des agences individuelles, ainsi que leurs activités sont très importants, ils doivent  toujours être considérés comme un complément aux efforts de développement au niveau national. Dans la mesure du possible, les produits des agences de développement devront être définis sur la base de documents de planification nationale, être coordonnés et centrés sur l’atteinte des objectifs nationaux.

Cet argument entre dans le droit fil de l’approche globale du développement promue par les accords internationaux tels que la Déclaration de Paris et le Programme d’Action d’Accra. Ces accords appellent les planificateurs à réfléchir à la manière de collaborer pour aider les partenaires nationaux à atteindre les priorités nationales, au lieu de toujours mettre l’accent sur les initiatives des agences ou encore sur les exigences de leurs sièges principaux.

Etant donné que les réalisations nationales (qui demandent les efforts de deux ou parties prenantes ou plus) sont les plus importantes, les processus de planification, de suivi et d’évaluation doivent davantage se concentrer sur les partenariats, les programmes, le suivi et l’évaluation conjoints ainsi que sur les efforts de collaboration nécessaires à la réalisation de ces résultats de plus haut niveau, plutôt que sur les produits réalisés par le PNUD ou les agences de développement. C’est d’ailleurs cette approche que ce Guide tente de promouvoir.

L’efficacité des actions de développement : une priorité

La gestion axée sur les résultats implique également d’atteindre l’objectif d’efficacité des actions de développement. Pour obtenir des résultats significatifs et durables en matière de développement, il faut aller au-delà d’une planification générale des réalisations, des produits et des activités. Notre mise en œuvre des actions de développement est souvent aussi - sinon plus - importante que les actions de développement elles-mêmes. C’est la raison pour laquelle de nombreuses agences de développement cherchent à inclure des questions diverses dans leurs processus de planification, de suivi et d’évaluation, dans le but d’améliorer l’efficacité globale de leur travail. Ainsi, par exemple, la planification, le suivi et l’évaluation doivent être axés sur la durabilité. Nous sommes arrivés à cette conclusion après des années d’expérience avec des projets et des programmes ayant un impact à court terme, mais ne parvenant aucunement à modifier significativement les conditions de développement des pays ou des communautés en question.

De la même manière, à présent l’accent est mis sur l’égalité entre les sexes dans la planification, le suivi et l’évaluation. De nombreux projets et programmes n’atteignent souvent pas leurs objectifs à cause d’une analyse et d’une attention insuffisante ou défaillante prêtée aux rôles et aux besoins différents des hommes et des femmes dans la société. Les inégalités, les pratiques discriminatoires et les rapports de pouvoir déséquilibrés entre groupes sociaux sont généralement au cœur des problèmes de développement.

Il en va de même s’agissant du concept d’appropriation par la nation ou la communauté des programmes de développement. Lorsque les personnes trouvent un intérêt personnel à quelque chose, c’est-à-dire lorsqu’elles se l’approprient, il en découle davantage de fierté et de satisfaction, une meilleure disposition à défendre et à préserver leurs actifs, et un engagement accru dans les affaires de la cité.

L’application concrète de ces principes à la planification, au suivi et à l'évaluation revient à concevoir ces processus de façon à ce qu'ils soient en mesure de:

  • Garantir ou promouvoir l’appropriation nationale – Garantir le fait que les processus soient, le cas échéant, mis en œuvre par, ou menés conjointement avec le gouvernement ou d'autres partenaires au niveau national ou local, et que tous les plans, programmes, projets, ainsi que les activités de suivi et d'évaluation aient pour objectif premier de soutenir les efforts nationaux plutôt que de répondre aux objectifs de l’agence. Parmi les questions essentielles à poser dans le cadre de la GRD, on peut citer : «  Les personnes destinataires de ce plan, programme ou projet sont-elles impliquées dans le processus de planification, de suivi et d’évaluation ? »; « Ont-elles le sentiment d'être parties prenantes de ce processus? »; et  « Se sont-elles appropriées ces processus ainsi que le plan ou programme ? »
  • Promouvoir le renforcement des capacités nationales – Se demander, tout au long du processus : « Cela sera-t-il durable? »; « Peut-on utiliser ou améliorer les systèmes et les processus nationaux ? » ; « Quels sont les actifs des capacités nationales existant dans ce domaine ? » ; « Sommes-nous en train de prendre en compte l’environnement favorable, l’organisation ou l’institution ainsi que les capacités individuelles ? » ; et « Comment pouvons-nous nous engager dans les activités de suivi et d’évaluation pour aider à renforcer les systèmes de S&E dans ce processus ? »

  • Promouvoir le principe d’inclusion, l’intégration d’une démarche d’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes – Garantir que les hommes, les femmes et les groupes traditionnellement marginalisés soient impliqués dans les processus de planification, de suivi et d’évaluation. Par exemple, se poser des questions telles que :  « Ce problème ou ce résultat, tel que nous l’avons posé ou défini, reflète-t-il les intérêts, les droits et les inquiétudes des hommes, des femmes et des groupes marginalisés ? » ; « Avons-nous analysé cette question depuis la perspective des hommes, des femmes et des groupes marginalisés, en termes de rôles, de droits, de besoins et d’inquiétudes propres à chacun ? » ; et « Disposons-nous de données ventilées par sexe suffisantes pour le suivi et l’évaluation ? »

Les politiques et procédures relatives aux programmes et aux opérations du PNUD (POPP)9 doivent être consultées pour de plus amples informations concernant l’approche préconisée par le PNUD pour suivre ces principes et comment ceux-ci doivent être appliqués lors des différentes phases d’élaboration et de mise en œuvre d’un programme ou projet. Il existe en outre de nombreux outils pouvant être utilisés pour l’évaluation de la capacité et l’analyse de la question de l’égalité entre les sexes. Ces outils se trouvent également dans les sections annexes des POPP et dans d’autres Guides. 

Encadré 3. La planification, le suivi et l’évaluation en situation de crise

Les situations de crise (aussi bien lors de conflits que de catastrophes) ne sont pas ‘normales’ et touchent tous les aspects d’un programme, y compris la planification, le suivi et l’évaluation. De manière générale, les méthodes et mécanismes de planification, suivi et évaluation dits ‘normaux’ et présentés dans ce Guide, peuvent être appliqués lors de situations de crise avec, cependant, plusieurs conditions :

  • Les situations de crise sont dynamiques et changeantes, et les programmes du PNUD doivent être très réactifs aux changements qui ont souvent lieu lors de telles circonstances. La situation doit par conséquent être continuellement analysée et suivie, afin de garantir la pertinence du programme. Les changements doivent également être documentés pour que le suivi et l’évaluation de la pertinence et de l’adéquation des initiatives de développement puissent prendre en considération les situations changeantes dans lesquelles elles ont été conçues et mises en œuvre. Ceci implique donc une analyse continue de la situation et du conflit.
  • Les situations de crise sont, par la même occasion, créées (ou potentiellement créées) par les tensions entre différentes parties. Par conséquent, il faut avoir recours à une certaine sensibilité face à la crise ou au conflit dans tous les aspects du programme, y compris dans la planification, le suivi et l’évaluation, afin de garantir qu’aussi bien la consistance que le processus œuvrent de manière à réduire – ou du moins éviter d’accentuer – les tensions entre les différentes parties. La sécurité du personnel du programme, des bénéficiaires et du personnel du S&E peut être une préoccupation constante, et les risques encourus par tous ceux qui sont impliqués doit être constamment suivi et pris en compte dans les activités de S&E.
  • Il est important de garder un large vue d’ensemble : la relation entre les projets et programmes et le large processus de paix est cruciale, et plus particulièrement pour la prévention des conflits et les programmes de maintien de la paix. La planification, le suivi et l’évaluation doivent toujours tenir compte de cet aspect pour éviter la situation où un projet est ‘réussi’ en termes de résultats mais soit n’a pas d’impact sur la paix, soit son impact est négatif.

D’autres directives sur la manière d’application des méthodes et mécanismes en situations de crise sont présentées, le cas échéant, dans ce Guide. Des directives supplémentaires sont également fournies par le Document ‘Planning, monitoring and evaluation in conflict prevention and recovery settings’ rédigé par le Bureau pour la Prévention des Crises et du Relèvement.