1.1 Introduction

Le premier paragraphe du Plan stratégique du PNUD 2008-2011 stipule que toutes les activités qu’il met en œuvre dans les domaines de l’offre de conseils pratiques, de l’assistance technique, de la sensibilisation et de la contribution au renforcement de la cohérence en matière de développement dans le monde doivent tendre vers un même résultat, à savoir « améliorer véritablement les conditions de vie des populations ainsi que les choix et possibilités qui s’offrent à elles »6. L’amélioration des conditions de vie des populations est un objectif commun à de nombreux gouvernements et partenaires de développement où le PNUD exerce ses activités. C’est également la raison pour laquelle plusieurs entités, dans leurs documents et directives officiels, utilisent aujourd’hui le terme ‘gestion axée sur les résultats de développement’ (ou GRD) plutôt que le terme ‘gestion axée sur les résultats’ (ou GAR). Traditionnellement, les approches de la GAR mettaient plus l’accent sur les résultats internes et la performance des entités que sur les changements des conditions de développement des populations. La GRD, applique les mêmes concepts que la GAR – à savoir : la planification, le suivi, l’évaluation, l’apprentissage et le retour d’informations – mais cherche à se focaliser sur l’aide au développement grâce à des résultats réels et significatifs.

La GRD représente également un effort de réponse à la demande croissante de la responsabilité publique vis-à-vis des citoyens, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement, afin qu’ils soient informés sur la manière avec laquelle l’aide est utilisée, les résultats enregistrés et dans quelle mesure ces résultats apportent les changements souhaités au développement humain. Cette approche encourage ainsi les entités chargées du développement à mettre l’accent sur l’établissement de partenariats et de mesures de collaboration en vue d’une meilleure cohérence. Elle soutien en outre le renforcement de la durabilité à travers des mesures visant à améliorer l’appropriation nationale et la capacité de développement.

La GRD suit en fait l’action de la GAR mais s’oriente plus vers l’environnement extérieur et les résultats – plus importants aux programmes des pays – et moins vers la performance interne d’une entité ou agence donnée.

Parvenir à des résultats de développement, est souvent bien plus difficile que ce qu’on peut imaginer, ainsi, le PNUD, les gouvernements et d’autres partenaires, élaborent souvent un certain nombre de plans, de stratégies, de programmes et de projets visant à réaliser des résultats de développement et des changements dans la vie des populations. Ces activités comprennent entre autres :

  • Un plan de développement national ou une stratégie de réduction de la pauvreté
  • Des plans de développement sectoriels
  • Plan Cadre des Nations Unies pour l'Aide au Développement (PCNUAD)
  • Un plan stratégique institutionnel (tel que le plan stratégique du PNUD 2008-2011)
  • Des Documents de Programmes nationaux (CPD), régionaux et mondiaux et des Plan d’Action du Programme de Pays (CPAP)
  • Des cadres de suivi et d’évaluation et des plans d’évaluation
  • Des plans de travail pour le développement et la gestion
  • Des plans spécifiques aux bureaux
  • Des documents de projets et des plans de travail annuels

Néanmoins, les bonnes intentions, les importants programmes et projets et les nombreuses ressources financières ne suffisent pas à parvenir à des résultats de développement. La qualité de ces plans, programmes et projets, et la bonne utilisation des ressources constituent des facteurs essentiels de leur réussite.

Afin d’augmenter les chances de réussite, il est indispensable de se concentrer sur certaines faiblesses de ces programmes et projets. Quatre domaines ont ainsi été identifiés :

  1. Une bonne planification des programmes et projets : les programmes et les projets ont plus de chances de réussite lorsque leurs objectifs et portée sont correctement établis et définis. Cela réduit les probabilités de faire face à des obstacles dans leur mise en œuvre.  
  2. L’implication des parties prenantes : un niveau d’engagement élevé de la part des utilisateurs, clients et parties prenantes dans les programmes et les projets est un facteur clé du succès de ces derniers.  
  3. La communication : une bonne communication permet un meilleur investissement et mobilisation des parties prenantes. De plus, elle permet d’identifier avec précision les attentes, les rôles et les responsabilités de chacun et d’apporter des informations sur le progrès et la performance de ces programmes et projets, assurant ainsi une utilisation optimale des ressources.
  4. Le suivi et l’évaluation : les programmes et projets bénéficiant d’éléments solides de suivi et d’évaluation ont tendance à perdurer. Les problèmes sont, en outre souvent détectés à l’avance, ce qui réduit les probabilités d’importants dépassements budgétaires ou retards.      

Une bonne planification, associée à un suivi et une évaluation efficaces, peut jouer un rôle fondamental dans l’amélioration de l’efficacité des programmes et projets de développement. Une bonne planification aide à se concentrer sur les résultats pertinents et le suivi et l’évaluation permettent de tirer des leçons des réussites et des échecs passés et fournissent les informations nécessaires à la prise de décisions afin que les initiatives actuelles et à venir contribuent à améliorer la vie des populations et élargir leurs choix.      

Encadré 1. Comprendre les liens et l’interdépendance entre la planification, le suivi et l’évaluation

  • Sans une réelle planification et une articulation bien définie des résultats espérés, ce qui doit être suivi et comment n’est pas clairement défini. Le suivi ne peut donc pas être fait correctement.
  • Sans une planification efficace (des cadres de résultats clairs), la base de l’évaluation n’est pas solide et l’évaluation ne peut donc pas être faite correctement.
  • Sans un suivi minutieux, les données nécessaires ne sont pas collectées et l’évaluation ne peut donc pas être faite correctement.
  • Le suivi est nécessaire mais pas suffisant à l’évaluation.
  • Le suivi facilite l’évaluation mais celle-ci utilise une collecte de nouvelles données complémentaires et des cadres d’analyses différents.  `
  • Le suivi et l’évaluation d’un programme aboutira souvent à des modifications des plans de ce programme. Cela signifie une modification de la collecte de données pour les besoins du suivi.  

Source: Adapté de l’UNEG, ‘UNEG Training—What a UN Evaluator Needs to Know?’, Module 1, 2008.

La planification peut être définie comme étant le processus permettant de définir les objectifs, d’élaborer les stratégies, de tracer les grande lignes des dispositions de mise en œuvre et d’attribuer les ressources nécessaires à la réalisation de ces objectifs. Il est important de souligner que la planification requiert un certain nombre de différents processus desquels il faut tenir compte, tels que :

  • Identifier la vision et les objectifs à atteindre
  • Formuler les stratégies nécessaires à cette vision et à la réalisation des objectifs à atteindre
  • Définir et attribuer les ressources (financières et autres) nécessaires à cette vision et à la réalisation des objectifs à atteindre
  • Tracer les grandes lignes des dispositions de mise en œuvre qui incluent les dispositions nécessaires au suivi et à l’évaluation en vue de réaliser les objectifs fixés

La citation dit : « Échouer dans la planification, c'est planifier son échec ». Alors qu’il n’est pas toujours avéré que ceux qui échouent à planifier finissent par échouer dans leurs efforts, tout porte à penser qu’avoir un plan bien établi permet d’avoir une meilleure efficience et d’être plus efficace. Ne pas avoir un plan – aussi bien pour les bureaux que pour les programmes et projets – serait, dans une certaine mesure, identique à vouloir construire une maison sans cahier des charges : il sera difficile de prédire à quoi ressemblera la maison, combien celle-ci coûtera, combien de temps et quelles seront les ressources nécessaires à sa construction et si le produit final répondra aux satisfactions du client. En bref, la planification peut aider à déterminer ce qu’une organisation, un programme ou un projet cherche à réaliser et par quels moyens.

Une définition du suivi serait le processus par lequel les parties prenantes reçoivent un retour d’information sur les progrès réalisés en vue d’atteindre les objectifs qu’elles se sont fixées. Contrairement à beaucoup de définitions qui traitent le suivi comme un simple examen des progrès réalisés par la mise en œuvre d’activités ou d’actions, la définition utilisée dans ce Guide met l’accent sur l’examen du progrès par rapport à la réalisation des objectifs. En d’autres termes, le suivi, tel qu’il est abordé dans ce Guide, ne s’arrête pas à poser la question « agissons-nous comme nous avions prévu d’agir ? » mais va au-delà et pose la question «  faisons-nous des progrès dans la réalisation des résultats que nous nous étions fixés ? ». La différence entre ces deux approches est extrêmement importante. Dans la première approche, plus limitée, le suivi se concentre plus sur un suivi des projets et sur l’utilisation des ressources des agences et entités, alors que dans la deuxième approche, plus large, le suivi implique également un suivi des stratégies et des mesures prises par les partenaires et les non-partenaires et permet de déterminer les nouvelles stratégies à suivre et les nouvelles mesures à prendre pour s’assurer des progrès réalisés à l’égard des résultats les plus importants.     

L’évaluation est une appréciation rigoureuse et indépendante des activités réalisées ou en cours visant à déterminer leur niveau de réalisation des objectifs fixés et de contribution à la prise de décision. Les évaluations, de la même manière que le suivi, peuvent être appliquées à plusieurs domaines tels qu’une activité, un projet, un programme, une stratégie, un sujet, un thème, un secteur ou une organisation. La principale différence entre les deux réside dans le fait que les évaluations sont effectuées indépendamment dans le but de fournir un suivi des objectifs aux responsables et au personnel leur permettant de savoir s’ils sont sur la bonne voie. De plus, les évaluations sont plus rigoureuses dans leurs procédures, élaboration et méthodologie et impliquent généralement une analyse de plus grande envergure. Néanmoins, l’évaluation et le suivi ont tout deux des finalités très similaires : fournir des informations pouvant aider à renseigner les décisions à prendre, améliorer la performance et réaliser les résultats fixés.  

Encadré 2. Distinction entre le suivi et l’évaluation et les autres activités de supervision
Tout comme le suivi et l’évaluation, les fonctions d’inspection, d’audit, d’examen et de recherche sont des activités de supervision. Elles ont néanmoins chacune un intérêt et un rôle différent et ne doivent donc pas être confondues avec le suivi et l’évaluation.
L’inspection est un examen général d’une entité, d’une question ou d’une pratique organisationnelle visant à vérifier son adhésion aux normes, aux bonnes pratiques ou à d’autres critères et permettant d’établir des recommandations en vue de prendre des mesures correctives ou d’amélioration. L’inspection est souvent exécutée lorsqu’un risque de non-conformité est détecté.   
L’audit est un examen de l’adéquation des contrôles de gestion visant à assurer une utilisation économique et efficace des ressources ; la garantie des capitaux ; la fiabilité des informations financière et autres ; la conformité aux normes, règles et politiques établies ; l’efficacité de la gestion des risques ; et l’adéquation des structures organisationnelles, des systèmes et des processus. L’évaluation est plus liée à la GRD et à l’apprentissage alors que l’audit se concentre plus sur la conformité.       
Les examens, tels que les évaluations rapides et les examens par les pairs, sont différents de l’évaluation et se rapprochent plus du suivi. Ce sont souvent des examens périodiques ou ad hoc et souvent peu approfondis, de la performance d’une initiative, ne nécessitant pas le même processus d’évaluation ou la même rigueur méthodologique. Les examens ont tendance à mettre l’accent sur des questions opérationnelles. Contrairement aux évaluations qui sont menées par des évaluateurs indépendants, les examens, quant à eux, sont menés en interne par les personnes concernées ou l’organisation mandatée.
La recherche est un examen systématique conçu pour développer ou contribuer au savoir d’un sujet particulier. La recherche peut souvent s’inscrire dans le cadre des évaluations et autres examens mais n’informe généralement pas à elle seule la prise de décision.    

Source: UNEG, ‘Normes d’évaluation applicables dans le système des Nations Unies, 2005. Disponible sur le site : http://www.unevaluation.org/unegnorms.

En évaluant l’efficacité du développement, le suivi et l’évaluation visent à mesurer les points suivants :  

  • La pertinence de l’aide et de l’initiative du PNUD (stratégies, politiques, programmes et projets destinés à combattre la pauvreté et soutenir les changements) en faveur des objectifs de développement national dans un contexte national, régional ou international
  • L’efficacité des initiatives d’aide au développement, y compris les stratégies de partenariat
  • La contribution et la valeur ajoutée que cette aide apporte aux effets et aux priorités du développement national, y compris les conditions matérielles des programmes de pays, et la manière avec laquelle cette aide améliore visiblement les perspectives des populations dans leurs communautés 
  • Les principaux conducteurs ou facteurs menant à des initiatives pour le développement ; des options alternatives et des avantages comparatifs du PNUD, à la fois fructueux, soutenus et élargis    
  • L’efficacité de l’aide au développement, des partenariats et de la coordination, en vue de diminuer les coûts des transactions.
  • Les stratégies des facteurs-risque et de gestion du risque en vue d’assurer un partenariat réussi et efficace.
  • Le degré d’appropriation par les pays et les mesures destinées à améliorer les capacités nationales pour la durabilité des résultats
Alors que le suivi fournit en temps réel des informations exigées par la gestion, l’évaluation offre quant à elle un examen plus approfondi. Le processus de suivi peut donner lieu à des questions auxquelles l’évaluation peut répondre. En outre, l’évaluation, puise abondamment dans les données générées par le suivi pendant le cycle du programme ou projet, y compris par exemple dans les données de référence, les informations sur le processus de mise en œuvre des programmes ou projets, et la mesure des résultats.